mercredi 14 août 2019

La Lettre du Routier n° 14 - Louis PERRIN




Louis PERRIN

(1923 - 2019)

Le Routier, 3ème du nom, n'est plus. Il nous a quitté tout dernièrement dans sa 96ème année. Il est parti sans souffrance, emporté dans un bel âge après une vie bien remplie. Victime d'une fracture du col du fémur il y a un peu plus d'un mois, il avait été opéré avec succès à l’hôpital Philippe le Bon à Beaune. Mais s'étant sans doute luxé sa prothèse, il ne s'est pas réveillé de cette nouvelle anesthésie.
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Mon père est né le 28 novembre 1923 à Suze, un hameau de la commune de Marcheseuil (21) entre Auxois et Morvan au pied de la Montagne de Bard.

(Affranchissement de Manlay du 8 octobre 1907)

Ses parents, Marcel PERRIN (1895-1990) et Marie Yvonne MENEVAUT (1900-1998) se marient en 1923. Ils sont paysans sur une petite exploitation d'une dizaine d'hectares avec quelques vaches laitières et un cheval pour assurer les gros travaux agricoles. Mon grand-père paternel participe à la Grande Guerre, est trois fois blessé et deux fois cité. Titulaire de la Croix de Guerre 14-18 et de la Médaille Militaire, il sera décoré de la Légion d'honneur en 1985. Ma grand-mère paternelle élève trois enfants, mon père, l'ainé et ses deux sœurs, Marie (1926-2017) et Jeanne Gabrielle (1935).
Mon père portait le surnom de "Routier" bien que de moins en moins usité et connu du public. Il le devait à son arrière-grand-père, Pierre PERRIN (1843-1936) qui fait prisonnier à Sedan en 1870, revint de sa captivité à pied de Prusse à son village natal de Suze. Je me rappelle étant plus jeune, lorsque je me présentais comme étant le fils ou le petit-fils de Louis ou de Marcel PERRIN, les gens me rétorquaient "Ah oui la famille Routier !"

 (De gauche à droite : mon père âgé de 10-12 ans, Anne PERRIN née DEBLANGEY, Pierre PERRIN "le Routier", Marie PERRIN. Debout : Yvonne PERRIN née MENEVAUT et Marcel PERRIN. La photo date des années 1935. La voiture appartenait à des cousins DEGUIGNAND de Dijon)
Louis PERRIN fréquente l'école primaire de Suze jusqu'à l'obtention du certificat d’études  primaire. Un  des ses instituteurs sera Louis COIFFIER, un écrivain passionné du Morvan qui écrira entre autre "Morvan Terre d'Amour".

A l'issue de ses courtes études et mon père m'a souvent fait part qu'il regrettait de ne pas avoir continué plus loin pour obtenir plus d'instruction, il est placé comme apprenti chez M. CHAMPOMMIER, maçon à Manlay. Là il apprend le dur métier de maçon et de tailleur de pierre. Il faut se rappeler qu'à cette époque le gros matériel n'existe pas. Tout se fait à la main et les journées sont longues. Les déplacements se font à vélo avec la caisse à outils qui contient la truelle, la taloche, le marteau et les burins, fixée sur le porte bagages. Les chantiers se succèdent, les muscles se développent et la carrure se dessine.

Arrive la guerre qui est qualifiée de drôle dans ses débuts. Mon père de la classe 43 ne sera donc pas incorporé et il n'ira pas faire la tenaille dans la forêt de Machecoul ! Par contre la Côte d'Or est occupée et en 1942 les Allemands biens présents à Marcheseuil et à Manlay, construisent un fortin au sommet de la Montagne de Bard en réquisitionnant la population. Mais mon père ne fait pas partie des réquisitionnés. Il évite également le S.T.O. grâce à une fausse carte d'identité qui le rajeunit, obtenue par le truchement d'un secrétaire de mairie qui n'a pas fait allégeance au maréchal. Mais le risque de partir en Allemagne devient trop important et mon père gagne le maquis plus exactement la 5ème compagnie du groupe Bayard. Son chef est Georges Arnol bien connu à Arnay le Duc.

 

 
 (Documents Olivier DUVEAU - Lacanche)

 (31 mai 2014)


(Article en cours de rédaction ...)